
Visite du président syrien à Paris : entre enjeux de légitimité et controverse politique française
- Nawel THABET
- 7 mai 2025
- France, International
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Le Chef d’État Emmanuel Macron recevra son homologue syrien de transition, Ahmed Al-Shar’, le mercredi 7 mai, selon l’Élysée. La France réaffirmera à cette occasion son soutien à la « construction d’une Syrie nouvelle, libre, stable et souveraine, respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne », a indiqué la présidence française.
Par Nawel Thabet / Medianawplus
À la veille de cette visite, les réactions et les débats s’intensifient dans les milieux politiques et médiatiques français. L’Élysée a souligné que « cette rencontre s’inscrit dans l’engagement historique de la France envers les Syriens aspirant à la paix et à la démocratie », ajoutant que Emmanuel Macron réaffirmera ses exigences envers le gouvernement syrien, notamment la stabilité régionale, en particulier au Liban, ainsi que la lutte contre le terrorisme.
Dans une analyse mêlant espoir et inquiétudes, le journaliste et militant syrien réfugié à Blois, Ahmed Al-Masalma, estime que cette visite revêt d’importantes dimensions politiques et économiques pour la Syrie et la France, surtout dans le contexte où le nouveau régime syrien cherche à acquérir une légitimité internationale et à s’ouvrir à l’Europe via la France, en tirant parti des relations historiques et de la proximité politique entre les deux pays.
Selon Ahmed Al-Masalma, « la France est pour le nouveau régime syrien la clé vers l’Europe et le monde. C’est l’État capable de soutenir la construction des institutions syriennes sur les plans politique, économique et militaire. La Syrie a aujourd’hui un besoin urgent de ce soutien pour faire face aux défis internes et externes, et pour bâtir une armée nationale forte. »
Sanctions et reconnaissance internationale : un point central des discussions
Le journaliste prévoit que la levée des sanctions internationales imposées à la Syrie sera le thème central des négociations entre Al-Shar’ et Emmanuel Macron. Le nouveau gouvernement syrien considère la France comme un partenaire stratégique pouvant faciliter son retour sur la scène internationale et la signature de nouveaux accords économiques et militaires, alors que Damas cherche à attirer des investissements et à relancer la reconstruction.
Controverse en France : rejet et polarisation
La visite d’Al-Shar’ suscite de vives critiques en France, notamment de la part des partis d’extrême droite, en particulier le Rassemblement National (ex-Front National), qui qualifie l’accueil du président syrien d’« provocation » et d’« erreur stratégique » menaçant l’image de la France et ses engagements dans la lutte contre le terrorisme.
Marine Le Pen, leader du Rassemblement National, a qualifié Al-Shar’ d’« ancien djihadiste » et l’a accusé d’être impliqué dans des massacres contre des minorités, estimant que son accueil à Paris « légitime un régime impliqué dans des violations des droits humains ».
En revanche, certaines voix de la communauté syrienne en France saluent la visite et la considèrent comme une opportunité de redonner crédit au nouvel État syrien, tandis que des opposants syriens prévoient d’organiser des manifestations dénonçant la visite et refusant de légitimer le régime actuel.
Position officielle française : un soutien conditionnel à une Syrie nouvelle
L’Élysée a insisté sur le fait que la réception du président syrien vise à soutenir la construction d’« une Syrie libre, stable et souveraine », tout en soulignant la nécessité de respecter les droits de toutes les composantes de la société syrienne, la stabilité régionale et la lutte contre le terrorisme. La France conditionne son soutien à l’engagement du nouveau gouvernement syrien à former un gouvernement inclusif et à garantir la sécurité du pays.
La visite d’Ahmed Al-Shar’ à Paris, sa première en Europe, révèle une équation complexe entre la volonté syrienne d’ouverture et de légitimation internationale, et les craintes de la société française liées au passé du régime syrien et à ses liens avec des groupes extrémistes. Dans ce contexte de controverse, l’avenir des relations franco-syriennes dépendra de la capacité de Damas à mener des réformes réelles et de la réponse de Paris aux demandes de l’opposition syrienne et de la communauté internationale.