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Affif Djellal, est décédé le 11 février 2023 à Paris.

À pied de Marseille à Paris … Le parcours d’Affif Djellal

Parcourir à pied un trajet aussi long que celui qui lie Marseille à Paris est un exploit qui a été réalisé par Affif Djellal et son cousin M’aamar Djellal… au début des années 50. Les deux « acolytes » ne cherchaient pas une gloire sportive derrière cette aventure harassante. Affif Djellal, décédé tout récemment à Paris, voulait « gagner sa vie », trouvait du travail quitte à laisser femme et famille en Algérie sous le joug colonial.

En 1952, il n’avait que 24 ans mais la tête pleine de projets. Accompagné de son cousin, il avait fait la traversée en bateau Alger – Marseille. « Leur but était de rallier Paris d’une manière ou d’une autre. Sans le sou, ils n’avaient pas trouvé un autre moyen pour atteindre leur objectif que la marche à pied qui coutait en énergie physique plus qu’autre chose. Ils faisaient fi du danger de la route ; ils étaient jeunes, forts et, heureusement pour eux, ils avaient rencontré sur leur parcours pédestre, des âmes charitables qui leur offraient gîte et nourriture. Leur aventure s’était poursuivie ainsi et sur plusieurs jours, jusqu’à Longjumeau, en région parisienne », raconte Ali Djellal, avec un brin de fierté à l’égard de son défunt père.
Affif Djellal et son cousin M’aamar Djellal n’allaient pas s’arrête en si bon chemin ; loin de là. La chance les avait accompagnés et ils voulaient en profiter au maximum. En auto – stoppeurs, le destin avait mis sur leur chemin un automobiliste qui devait être d’un certain rang social puisqu’il possédait une DS pallas à bord de laquelle, les deux complices avaient trouvé place.
Curieux et intrigué par ces deux jeunes Algériens, le propriétaire de la DS pallas voulait savoir d’où ils venaient et surtout par quel moyen de locomotion avaient-ils « atterri » à Longjumeau. « A pied Monsieur, nous avons fait le trajet de Marseille à ici, à pied… ». Le Monsieur ne pouvait pas les croire car leur histoire lui paraissait juste incroyable. « De la Cité Phocéenne jusqu’en région parisienne à pied ? C’est impossible. Vous racontez n’importe quoi ». Non, ils n’étaient pas des affabulateurs. Ils étaient deux jeunes Algériens, en l’occurrence, qui cherchaient du travail à Paris et avaient décidé de réaliser leur « rêve » coute que coute… Et ils avaient réussi. On ne sait pas s’il les avait cru, mais le Monsieur à l’allure d’un entrepreneur, les avait accompagnés jusqu’aux portes de la capitale où ils étaient arrivés… pieds nus.
« Mon père et son cousin avaient trouvé du travail dans une France qui était à reconstruire après la 2e Guerre mondiale. Notre père était très courageux. Pendant qu’il travaillait dans des chantiers, il suivait une formation et il avait obtenu ses permis de conduire dont celui des engins de chantiers. Il était grutier sur des chantiers et travaillait de nuit dans des restaurants pour accomplir différents boulots et arrondir sa paie. Il était déjà marié en Algérie quand il avait quitté le pays ; il y était retourné deux années après, malheureusement, son père était décédé », relate Ali.
Il est rentré en France avec son épouse, la mère d’Ali, direction Rouan chez un autre cousin. Affif et sa famille se sont installés, par la suite, dans les bidonvilles de Villejuif avant de s’établir définitivement dans la ville limitrophe de Kremlin Bicêtre, où le père de famille avait exercé le métier de chauffeur puis conducteur de tramway. Son expérience dans ce domaine lui avait permis de former, en parallèle, de jeunes recrues. « Mon père a dédié sa vie au travail et à sa famille. Il aimait ce qu’il faisait. C’était une personne sincère, appréciée et respectée par ses collègues, par ses voisins et son entourage. Il nous vouait un amour sans limites », confie son fils en ajoutant que son père qui avait appris le Coran en Algérie, passait le plus clair de temps à réciter les Versets coraniques. « C’était son plaisir qu’il savourait chaque jour et à des heures régulières », dira Ali qui voulait, à travers ce témoignage, rendre hommage à son père courage.

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