Après le cumin d’Alnif, l’huile d’argan de Souss Massa, le petit épeautre du Rif, le safran des montagnes de Taliouine et le sel de Zerradoun, ce sont les moules de Wakkad Tigri qui sont désormais reconnues « Sentinelle Slow Food » au Maroc.
L’idée ? Préserver une technique de récolte et de transformation des fruits de mer traditionnelle et ancestrale pratiquée par la communauté des femmes Tigri de Tamri, près d’Agadir. Une récolte qui n’est toutefois pas sans risque car ces moules se développent sur des rochers accidentés, glissants et frappés par des courants forts.
Constituant l’une des principales ressources alimentaires de la population locale, les Wakkad sont alors séchées au soleil puis fumées, leur assurant ainsi une meilleure conservation et apportant un goût unique en cuisine. « Je suis convaincue que la Sentinelle Wakkad Tigri sera d’une grande aide pour préserver notre tradition culinaire », souligne Yamna Agaliou, Présidente de la coopérative des femmes amazigh et porte-parole de la Sentinelle. Favorisant la cohésion sociale, ces récoltes sont, par ailleurs pour ces femmes, une source de revenus non négligeable. « Grâce au réseau Slow Food, nous avons la possibilité d’accéder au marché international (…). Nous pouvons aussi encourager les nouvelles générations à produire ces moules fumées (…) et à en assurer la pérennité tout en garantissant la durabilité du produit. »
De son côté, Edward Mukiibi, Président du mouvement international Slow Food, explique que « les petits pêcheurs et les communautés vivant des ressources marines côtières sont victimes de la pêche industrielle. (…) À travers la création de cette Sentinelle, nous voulons attirer l’attention des politiciens et des autorités sur la valeur environnementale de ces activités traditionnelles, et rendre hommage à une communauté de femmes qui continue à préserver un patrimoine gastronomique unique. » E.B.
Photo de Une : Récolte de moules de Wakkad Tigri près d’Agadir. ©Archivio Slow Food.